Il y a dix-sept siècles Kikkuli rédige le plus ancien traité d’attelage connu à nos jours. Ce cavalier Mitannien, qui était venu enseigner aux Hittites l’art de l’équitation, nous fait découvrir qu’à cette époque, déjà, le cheval était utilisé à l’attelage tant pour le transport que pour les guerres. L’attelage a longtemps été considéré uniquement comme un moyen de locomotion. Au cours des siècles, voitures et harnais ne cesseront de se perfectionner, mais c’est seulement au XIXème siècle que l’attelage atteint son apogée et devient un art. En France, entre la seconde Guerre Mondiale et les années soixante-dix, cette tradition et technique a été délaissée au profit du tracteur et de l’automobile, ce qui n’est pas le cas en Angleterre, en Allemagne, aux Pays-Bas et en Hongrie, où ce savoir-faire est préservé, permettant alors la conception de la compétition moderne.
Dans les années 1972-1974, l’attelage connaît un renouveau en France. La création de l’Association Française d’Attelage (A.F.A.) en 1973 y jouera un rôle important. Cette dernière gère toutes les manifestations sportives, et organise le premier Concours National Français à Rambouillet en 1973. Le but de l’Association Française d’Attelage était de faire connaître et reconnaître cette « nouvelle » discipline. Elle a commencé par établir un règlement, organiser des stages de formation de moniteurs, créer des Concours Nationaux, puis Internationaux, et a ainsi administré la discipline pendant quinze ans. Aujourd’hui, elle se réserve le Concours d’Attelage de Tradition alors que la compétition sportive est gérée par les Fédérations sportives Nationales sous l’égide de la Fédération Équestre Internationale. En 1974, le duc d’Édimbourg, Président de la Fédération Équestre Internationale, participe aussi à ce renouveau en posant les bases d’un règlement et de la création d’un championnat du monde à quatre chevaux. Puis, en 1979, la France organise le championnat d’Europe sur le site prestigieux du « Haras Royal » du Pin. C’est dans ce contexte que Jim HORLAVILLE, fondateur de l’Association d’Attelage de la Seine-Maritime (A.A.S.M.), va se passionner pour cette activité.
Jim HORLAVILLE (1925-1996), petit-fils de cocher et féru de chevaux, prend goût très tôt à l’attelage. Évoluant dans un milieu modeste, il parvient à fréquenter le monde du cheval en étant palefrenier lors de sa jeunesse. Cet instituteur et professeur d’anglais participe aux premières compétitions dans les années 1972-74 avec des chevaux de chasse à courre. Il forme rapidement équipe avec Louis de JENLIS, propriétaire de plusieurs chevaux et de voitures hippomobiles, notamment au championnat de France à Chambord en 1974. Jim HORLAVILLE, fervent d’attelage, parvient à faire partager son engouement à d’autres. De plus en plus de proches (dont Louis de JENLIS apportant une grande aide financière) se vouent alors à cette discipline et décident de se réunir autour de Jim HORLAVILLE et de créer une Association.
C’est ainsi que l’Association d’Attelage de la Seine-Maritime voit le jour le 25 mai 1987, dont le siège se trouve à Doudeville. Jim HORLAVILLE en est le Président jusqu’en 1994. Hervé GOMOND lui succèdera (1994-2000), puis Claude BREANT (2000-2008), Brigitte BLANDEL (2009), Didier CRESSENT (2010 à 2016) et Carole SIMON (2016 à aujourd'hui). Le but de l’Association de sa fondation à nos jours reste identique, il s’agit de promouvoir l’attelage en Seine-Maritime, son enseignement, l’organisation de compétitions officielles et de manifestations équestres, de diffuser cette pratique sportive, de regrouper des meneurs, les associations, les organisations et tout autre sensibilité autour de la problématique du développement de ce savoir-faire et de ce loisir. Depuis 1994, une randonnée d’attelage en forêt d’Eawy, la randonnée « Bien aller de Jim », a lieu au printemps de chaque année. Des concours officiels ont aussi été organisés par l’Association, les premiers se sont déroulés en 1998 à Forges les Eaux et au château de Quevillon. Malgré une ligne de conduite restée identique depuis les origines, quelques nouveautés ont été apportées, tel que le contrat signé en 2004 entre l’Association et les cinq forêts domaniales du département, permettant à chaque adhérent le libre accès à ces espaces pour la pratique de l’attelage.
Hervé GOMOND